Chapelle St-Eloi
Située au cœur du quartier du Bois-du-Quesnoy, la chapelle St‑Éloi est un témoin discret mais remarquable du patrimoine religieux et social de la ville d’Hautmont. Elle abrite une série de vitraux uniques, réalisés par le maître-verrier Auguste Labouret, inscrits à l’Inventaire supplémentaire des monuments historiques.
Un patrimoine spirituel et ouvrier unique
La chapelle St‑Éloi a été construite entre 1958 et 1960 dans le cadre de l’aménagement de la cité ouvrière du Bois-du-Quesnoy. Ce projet, conduit par l’architecte Denis Honegger, s’inscrit dans une démarche globale d’amélioration du cadre de vie des ouvriers après la Seconde Guerre mondiale. L’édifice a été érigé sous l’autorité de l’archevêché de Cambrai, avec le soutien des Fils de la Charité, déjà engagés dans les milieux populaires.
Dédiée à saint Éloi, patron des métallurgistes, cette chapelle traduit le lien étroit entre foi chrétienne, culture ouvrière et urbanisme social. Elle s’inscrit dans un ensemble comprenant logements sociaux, parc public et structures communautaires, témoignant de la volonté de répondre aux besoins spirituels et sociaux des habitants.
Les vitraux d’Auguste Labouret : une œuvre majeure
Commandés en 1959, les treize vitraux de la chapelle St‑Éloi sont réalisés par Auguste Labouret, figure majeure de l’art sacré du XXe siècle. Conçus à partir de cartons d’Emilio Beretta, ces vitraux représentent les épisodes essentiels de la vie de saint Éloi. Ils ont été réalisés selon une technique innovante mise au point par Labouret lui-même : le vitrail en dalle de verre taillée, cloisonnée dans du ciment armé.
Ces vitraux, fabriqués avec du verre épais coloré provenant des Glaces de Boussois, offrent une luminosité exceptionnelle et un rendu chromatique puissant. Le traitement des formes évoque les papiers découpés d’Henri Matisse, conférant à l’ensemble une qualité artistique rare. Labouret, qui a également décoré le paquebot Le Normandie et des lieux emblématiques comme les Galeries Lafayette ou la basilique Sainte-Anne-de-Beaupré au Canada, décrit son approche du vitrail comme “la lumière au service du recueillement”. Cette réalisation hautmontoise est à ce titre un exemple remarquable de la fusion entre création artistique, spiritualité et modernité architecturale.
Le saviez-vous ?
Les vitraux de la chapelle St-Éloi forment un programme iconographique complet, commandé par le diocèse de Cambrai, destiné à mettre en valeur la figure de saint Éloi, saint patron des métallurgistes, alors largement célébré dans le contexte industriel local. Remontant au Moyen Âge, les vitraux servaient de support visuel pour transmettre la vie des saints et les récits bibliques, à une époque où peu savaient lire. Cette fonction pédagogique s’est maintenue. Aujourd’hui encore, ils contribuent à créer une lumière propice au recueillement et à la contemplation.
Une chapelle à redécouvrir
La chapelle est ouverte au public lors des célébrations religieuses ainsi que pendant les Journées européennes du patrimoine. Ce lieu, encore méconnu d’une partie des habitants, constitue un atout culturel majeur pour la commune d’Hautmont.
L’équipe municipale œuvre à la mise en valeur de ce patrimoine, dans un souci de transmission de l’histoire locale, d’ouverture au public et de préservation des œuvres d’art sacré.
